![]() | Par Jules Le 16 January 2020 | ![]() |
Cet article a été publié il a plus d'un an, il n'est peut-être plus d'actualité.
La 5G est un sujet très tendance, tout le monde en parle, quoique peu savent de quoi ils parlent. Son impact sur la santé humaine est un thème encore plus brûlant.
Il est courant, à l'émergence d'une technologie, de voir des comportements réfractaires, que ce soit face à la rapidité du progrès, à la dangerosité supposée de la technologie ou pour d'autres raisons farfelues. Pour la 5G, le grand mal qui sévit est la dangerosité des ondes électromagnétiques. Alors, dans cette histoire, quel est le vrai, quel est le faux ?
Pour ce qui est de la dangerosité des ondes électromagnétiques, je me rangerai à l'avis de l'OMS et de l'ANSES, communément admis par la communauté scientifique internationale : ce n'est pas dangereux, à priori.
Cela signifie que les études menée ne prouvent pas que les OEM (Ondes ElectroMagnétiques) telles qu'utilisées dans la 5G sont dangereuses pour l'homme. Il existe donc 2 possibilités :
Quoiqu'il en soit, on ne peut donc pas statuer avec une certitude absolue si les OEM, dans ce cadre, sont dangereuses ou non. Si vous croisez quelqu'un qui vous affirme qu'elles le sont, ou qu'elles ne le sont pas, il s'agit de facto d'une absurdité.
Pourtant, lorsqu'on passe un peu de temps sur les réseaux sociaux, on se rend vite compte que de nombreuses personnes ont un avis très tranché sur la question, et je ne parle même pas des pages ou groupes type "5G=DANGER ON VA TOUS MOURIR ☢☢☢☢". Voyons ensemble quelques arguments fallacieux que l'on peut souvent retrouver.
Un "argument" que l'on peut retrouver contre la 5G est :
Pourquoi on coupe les antennes quand un technicien intervient si ce n'est pas dangereux ?
Tout d'abord, j'ai envie de dire pour la même raison qu'on coupe le courant quand on fait des travaux sur une installation électrique. Et ensuite, il en va de l'atténuation des ondes électromagnétiques.
Il faut savoir que la puissance d'une OEM baisse au fur et à mesure de la distance qu'elle parcourt, tout comme le son, par exemple. Vous entendez beaucoup plus fort une personne qui parle juste à côté qu'une personne qui parle à 20 mètres, c'est pareil pour les OEM.
Dans le cas des OEM, le facteur d'atténuation dépend de l'environnement. En extérieur, on parle de facteurs de l'ordre de d2 à d4 et de d4 à d6 en intérieur. Concrètement, une atténuation d2 signifie que si la puissance vaut P à une distance d de l'antenne, elle ne vaudra plus que P/8 à une distance 3d de l'antenne (car 32 vaut 8). Pour une atténuation en d6, la puissance ne sera plus que P/729 (car 36 vaut 729).
Pour résumer, l'atténuation d'une OEM en fonction de la distance est très forte, une onde dangereuse à 30 centimètres peut très bien ne plus l'être du tout à 5 mètres.
Ceci dit, il est vrai que les OEM sont dangereuses à forte puissance, car elles induisent un échauffement de la matière. Il s'agit d'un phénomène tout à fait connu et pris en compte aujourd'hui, les normes françaises et européennes quant aux puissances émises sont largement assez restrictives pour que cet effet n'ait pas d'incidence sur la population.
"La 5G ? Les Bruxellois ne sont pas des souris de laboratoire."
Céline Frémault, Ministre bruxelloise du Logement, de la Qualité de vie, de l’Environnement et de l'Énergie, dans l'Echo.be
(article écrit par Simon Souris, coïncidence très fortuite s'il en est)
Cette phrase a largement été reprise par les militants anti 5G, sous-entendant que si Bruxelles interdisait la 5G, c'est parce que c'était dangereux. Or la politique et le domaine légal font rarement bon ménage avec la science, d'abord parce que les politiques et les personnes de loi ne sont pas de scientifiques, pour la plupart, et ensuite car ils sont dépendants du peuple qui les élit.
Je vous renvoie d'ailleurs à la récent vidéo d'E-penser sur l'Indiana Pi Bill, l'affaire durant laquelle un médecin de l'Indiana (USA) a presque réussi à faire voter une loi disant que Pi vaut exactement 3,2 par le gouvernement de l'Indiana.
Bref, ce n'est pas parce qu'une loi est votée qu'elle prévaut sur la science, Bruxelles interdit la 5G car il faut plaire aux électeurs, à défaut de s'appuyer sur des preuves scientifiques tangibles, de même pour la Suisse romande qui semble avancer à reculons au sujet de la 5G.
L'une des peurs collectives inhérentes à la 5G est la montée en fréquence. En effet, la 5G est prévue pour fonctionner aux fréquences que l'on connait déjà, mais aussi à des fréquences bien plus hautes, jusqu'à 300 GHz selon le standard, contre maximum 3,8 GHz pour LTE (la "4G").
Tout d'abord, celui apporte un effet notoire, et je vous demanderai de vous rappeler du paragraphe sur l'atténuation. Cet effet est celui de la portée qui se voit drastiquement réduite. Si les fréquences de l'ordre du GHz passent sans trop de problèmes à travers les murs ou les obstacles divers - vous y compris - ce n'est pas du tout le cas des ondes millimétriques (la bande 30 - 300 GHz). Pour s'en rendre compte, voici une vidéo de Linus Tech Tips utilisant la 5G à 28 GHz.
En outre, l'augmentation des fréquences induit un effet de peau de plus en plus fort, c'est à dire que les ondes pénètrent de moins en moins profondément la matière. Avec les ondes millimétriques, on observe que les ondes ne pénètrent dans le corps humain que de quelques millimètres, elles s'arrêtent donc à la peau et ne rentrent pas dans les organes, cerveau compris.
Cependant, il existe un effet indésirable à cela. Sans faire un cours entier sur les antennes, il faut savoir que la taille d'une antenne dépend de la fréquence de l'onde que l'on désire recevoir. Plus la fréquence est grande, plus la longueur d'onde est faible (λ = c/f, λ la longueur d'onde, c la célérité de la lumière, f la fréquence). Or on prend communément pour longueur d'antenne λ/2.
Si on fait le calcul pour la fréquence de 28 GHz telle qu'utilisée à New York, on obtient λ ≈ 1,07 cm, donc l'antenne mesure à peu près 5 mm. En-dessous ou au-dessus de cette longueur, on ne reçoit pas bien la fréquence 28 GHz, le corps humain, de longueur comprise entre 1 et 2 mètres à quelques patates près, ne reçoit donc pas bien cette fréquence, et tant mieux pour nous. Cependant, il existe d'autres êtres vivants de cet ordre de grandeurs, et ceux-ci pourraient en pâtir.
Une étude publiée dans Nature a étudié l'impact des hautes fréquences sur des modèles d'insectes, concluant à une hausse significative de la température corporelle pour certaines fréquences. Si le résultat se veut en effet alarmant, la véracité de l'étude reste à prendre avec des pincettes, l'expérience étant menée sur des modèles et non de vrais insectes.
On observe depuis plusieurs année une hausse du nombre de cancers cérébraux recensés en France et, plus généralement, dans le monde. L'argument semble simple et irréfutable, mais ce n'est pas l'avis de nombreux spécialistes tels que Catherine Hill. En effet, nous parlons bien des cancers détectés, or des améliorations significatives ont eu lieu pour le diagnostic des cancers, ce qui explique une hausse dans les détections.
De plus, la population étudiée est retreinte du fait du "peu" de personnes touchées. Il s'avère que plus la population étudiée est petite, moins la mesure est fiable, il est donc possible de voir des changements qui ne sont finalement dus qu'à l'imprécision de l'étude, et non à une hausse réelle des cas.
Et tant qu'on est dans les cancers, glissons un mot sur le classement du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Celui-ci a classé les ondes électromagnétiques, conjointement avec l'OMS, dans la catégorie 2B, soit "peut-être cancérogène". Je vous vois déjà bondir, mais cela fait simplement écho au préambule de cet article : si l'on n'exclue pas qu'elles soient dangereuses, nous n'avons pas réussi à le prouver pour le moment. Soit dit en passant, les cornichons aigres-doux et le café sont également dans la catégorie 2B.
L'un des axes d'améliorations lors de l'élaboration de la 5G était une consommation énergétique plus contenue que celle de la 4G, déjà énorme. Certes, des technologies ont été développées pour tenter d'endiguer la consommation de la 5G, notamment à travers un mode veille ou des gNodeB (stations d'émission) à refroidissement liquide.
Malgré cela, on estime une consommation de l'infrastructure 5G 3 à 4 fois supérieure à celle de la 4G du fait de la multiplication des antennes et des fréquences plus hautes, entre autres. Mais ce n'est pas tout. En effet, Internet de manière générale consomme une quantité folle d'énergie, à tel point qu'on estime que celui-ci engloutissait 10 à 15% de l'électricité produite dans le monde en 2017, et que cette consommation double tous les 4 ans.
Et avec l'arrivée de la 5G, les opérateurs estiment que la quantité de données consommée par personne devrait quadrupler, avec des conséquences significatives sur la consommation d'Internet.
Pour reprendre ce qui a été dit au début de l'article, les ondes électromagnétiques telles qu'utilisées pour la 5G ne sont à priori pas dangereuses pour l'homme. Cependant, la 5G soulève toujours des questions au niveau environnemental, que ce soit par rapport à l'échauffement des corps millimétriques ou concernant sa consommation énergétique.
Il convient toutefois de rester au fait des dernières avancées dans la matière, un nombre incalculable d'études est menée chaque année, prouvant tantôt que les ondes provoquent le cancer, tantôt que ce n'est pas le cas. Si la position officielle ne confirme pas les risques liés à la 5G et aux OEM de manière générale, il est de rigueur de rester prudent.
Top de la semaine
Au hasard
Suivez-nous !
Articles récents
Commentaires
Suivez-nous !
Contactez-nous : contact@shadow-tech.fr
Partenariats : partnership@shadow-tech.fr
© Jules Rommens, tous droits réservés. Consulter les mentions légales.